Ce colloque est le prolongement des quatre colloques suivants :
- Avril 2012 sur «Les langues de moindre diffusion sur le web : numérisations, normes et recherches »tenu à Bourmedès(Algérie)
- Juin 2010 sur « la dictionnairique de langues de moindre diffusion (le cas du tamazight) » tenu à Tipaza (Algérie).
- Mai 2009 sur « les TICE et les méthodes d'enseignement/apprentissage des langues », tenu à Tipaza (Algérie).
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Juin 2008 sur « la normalisation, la numérisation, la BNB et le e-learning », tenu à Tipaza (Algérie).
L’innovation lexicale est le propre de toute langue vivante. Dans un contexte de mondialisation, marqué par l’avancée rapide de la connaissance humaine, les langues naturelles répondent par la création lexicale et l’emprunt, entre autres, pour maintenir un recouvrement lexical satisfaisant des besoins d’expression en constante expansion.
La compétition entre les sociétés en matière de production et d’acquisition du savoir scientifique et technologique induit une concurrence dans le domaine de l’expression linguistique. Si toutes les langues sont intrinsèquement dotées de systèmes de création lexicale propres à couvrir l’infini des besoins d’expression par des moyens finis récursifs, les sociétés montrent un dynamisme très différencié en matière de savoir en raison de leurs différentes formations historiques et organisationnelles.
La conséquence en est une hiérarchisation internationale des langues et de leur maîtrise/perte de domaines.
Les langues de moindre diffusion manifestent de grands besoins d’expression autant dans les domaines quotidiens changeants que dans les domaines les plus élaborés du savoir scientifique et des techniques. Certaines sociétés optent carrément pour des langues de grande diffusion pour se maintenir à niveau en matière de savoir en expansion et en mutation perpétuelles (l’anglais pour les pays nordiques : Danemark, Norvège, Suisse ou l’UE …; l’espagnol en Afrique, en Amérique du nord et latine ; le français dans la sphère francophone…) sans pour autant omettre de développer leurs langues autochtones.
D’autres sociétés tentent de mettre à niveau leurs langues autochtones ou de culture en s’appuyant sur la traduction et en les dotant progressivement de nomenclatures néologiques (terminologies, métalangage) sans omettre le développement de l’enseignement des langues étrangères de grande diffusion.
Confronter une langue à un domaine nouveau implique la création néologique, l’assouplissement de sa structure morphosyntaxique et, par conséquent, un effort de normalisation/ standardisation à dosage réglé par l’intentionnalité d’une fonctionnalité sociétale.
En Algérie, ceci s’applique à l’arabe scolaire, même si c’est dans une moindre mesure, autant qu’à tamazight- langue millénaire des Maghrébins, et aux autres langues de moindre de diffusion.
La création néologique nécessaire se fonde sur les corpus réels de la langue. L’avancée des TAL et le développement des outils informatiques facilite le recueil et l’analyse des corpus informatisés oraux ou transcrits. Ils sont un moyen efficace et rapide de recueil, d’analyse et de description des corpus, d’extraction et d’établissement d’inventaires lexicaux à même de constituer des dictionnaires, et, enfin, d’établissement de matrices de préfiguration néologique.
Par ailleurs, ce sont les locuteurs, parmi les élites, qui expriment paradoxalement une plus grande demande de néologie pour des raisons symboliques. Mais consentiraient-ils aux efforts supplémentaires exigés par l’entrée dans une bulle néologique hypertrophiée, alors qu’ils ont la capacité de participer à l’effort humain en s’exprimant dans des langues de grande diffusion?
Quelle fonctionnalité sociale auront ces langues « néologiques » dans un contexte de compétition linguistique mondialisée et immédiate ?
Le centre national pédagogique et linguistique pour l’enseignement de tamazight, en partenariat avec le laboratoire paragraphe de l’Université Paris 8, lance un appel à communication sur les questions évoquées dans la problématique et sur les axes suivants :
1) Langues, société et expansion de la connaissance humaine.
2) Mondialisation, Web 2.0, contacts humains et standardisation culturelle et linguistique.
3) Approche rationnelle d’une politique linguistique et statuts socio-fonctionnels des langues.
4) Constitution de Corpus oraux/ transcrits et néologie.
5) Systèmes de création lexicale dans les langues naturelles
6) Matrice néologique et types de néologies.
7) Emprunt, famille de langue et adaptation morpho-phonologique : étude de cas.
8) Emprunt, néologie et traduction comme moyens de dynamisation linguistique.
9) Traduction, création néologique et usage.
10) Pluridisciplinarité et néologie.
11) Moyens informatiques, Indexation et description de corpus.
12) Extraction automatique et exploitation des corpus.
13) Les e-dictionnaires mono et multilingues
14) Elaboration symbolique des langues de moindre diffusion et fonctionnalité sociale
15) Compétition entre langues de savoir et langues autochtones
16) La création lexicale au sein des organisations et dans la vie quotidienne : le point de vue de la sociolinguistique.17) Néologie et questions identitaires.
18) Bilans critiques sur des propositions et des réalisations avérées sur le thème néologique.